- Compte rendu Conférence CFIA 13 mars 2008 -

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Cardinem en partenariat avec l'Association Bretonne des Entreprises Alimentaires et le pôle d'enseignement supérieur Agrocampus Rennes a réalisé une étude sur les outils/méthodes à mettre en place en amont pour améliorer la relation fournisseur/IAA avec des réponses en termes d’enjeux (gains/coûts).

Les résultats de l’étude ainsi que des illustrations de solutions ont été présentés le jeudi 13 mars 2008, au CFIA (Carrefour des Fournisseurs de l’Industrie Agroalimentaire).

Ci-dessous le compte rendu de cette conférence.

 


Objet de la conférence

 

 
Le jeudi 13 mars 2008, au CFIA (Carrefour des Fournisseurs de l’Industrie Agroalimentaire),  s’est tenue la conférence de la commission traçabilité logistique de l’ABEA sur le thème de :

 

« Traçabilité Amont : Quels leviers de productivité avec nos fournisseurs ? »

 

La présentation a duré une heure et demie et s’est suivie d’un temps de questions-réponses. Elle a attiré une cinquantaine de personnes.

   

 

La conférence

 

La conférence s’est déroulée en deux temps majeurs : une présentation des résultats de l’étude et une table-ronde avec des prestataires et industriels.

 

I. Résultats de l’étude

I.1. Déroulement de l’étude

Cette conférence fait partie intégrante des travaux menés par la commission traçabilité logistique de l’ABEA depuis Mai 2007. Cette action, a été organisée en trois phases : (cf Fig.1 en annexes)

* Phase 1 :

Un premier diagnostic, permettant d’identifier les enjeux de la traçabilité Amont, auprès d’un échantillon restreint d’entreprises agroalimentaires.

*Phase 2 :

Trois axes d’analyses ont été privilégiés à savoir les achats, la qualité et les systèmes d’informations (logistique d’approvisionnement) avec :

·         Enquête par questionnaires, auprès d’un échantillon plus important (l’ensemble des adhérents de l’ABEA, et d’autres industriels),

·         Etat de l’art dans différents domaines, consultation des offreurs de solutions, benchmarking avec d’autres secteurs géographiques ou d’activité, …

* Phase 3 :

Illustration des résultats et communication, dont la conférence constitue un élément, et qui se finalisera par un rapport de l’étude effectuée.

I.2. Principaux résultats

Contexte global

Si on reconnaît la corrélation positive entre rentabilité des secteurs et investissement de ces secteurs dans les TIC, cela ne signifie pas qu’il suffit d’investir dans les TIC pour réussir.

1- Premier constat : les IAA investissent moins dans l’informatique que d’autres domaines industriels (voir Fig.2 en annexes).

2- L’intérêt est cependant l’hétérogénéité de mise en place de l’informatique suivant l’outil considéré et les filières étudiées (cf Fig.3 en annexes).

3- La mise en place d’une solution informatique « métier », est elle aussi variable en fonction de filières considérées, comme présenté ci contre (cf Fig.4 en annexes).

4- Les investissements ne sont que très rarement tournés vers des outils de gestion de la qualité, mais plutôt  vers des outils de gestion de production, ou de communication/gestion de l’aval c’est-à-dire dirigés au plus proche du client (stratégie commerciale).

Informations amont

Sous l’influence des GMS, la relation aval a fortement été informatisée et homogénéisée. Cette informatisation utilise la plus part du temps les messages EDI de GS-1 pour communiquer entre les intervenants, ainsi que le marquage GS1-128 pour le marquage des unités d’expédition.  Ainsi, pour faire correspondre le produit physique et ses caractéristiques envoyées via EDI, il faut moins de 30 secondes si le code GS-1 128 est fonctionnel. Dans le cas contraire, l’identification peut nécessiter plus de 3 heures. Les gains en termes de fluidité de la chaîne logistique apparaissent comme évidents.

En amont, les industriels ont souvent exprimé la volonté de pouvoir utiliser les marquages GS-1 128 et l’EDI pour acquérir les données demandées à leurs fournisseurs. Cependant, à l’heure actuelle peu de fournisseurs sont en mesure d’envoyer des informations via EDI ou de marquer leurs supports d’expédition, Quelques industriels ont pu mettre en place ces outils d’identification des expéditions, et de communication des informations, et sont unanimes sur les gains apportés par ces solutions. Le marquage GS1-128 couplé aux messages EDI constitue donc notre recommandation pour permettre aux IAA d’améliorer leurs relations amont, au niveau des réceptions.

Informations Qualité

La gestion des cahiers des charges transmis aux fournisseurs. Aujourd’hui, une grande majorité des entreprises contactées nous ont déclaré ne pas utiliser les cahiers des charges pour exprimer leurs exigences auprès de leurs fournisseurs, bien qu’étant conscients des gains potentiels. Une des limites à l’utilisation de ces cahiers des charges est le temps de rédaction de ceux, puis le temps nécessaire à leur gestion. Aujourd’hui, certains outils informatiques destinés à faciliter la gestion documentaire au sein de l’entreprise, et avec ses partenaires, existent : il s’agit d’outils de Gestion Electronique des Documents (GED).

La communication de la part des fournisseurs sur les analyses qu’ils réalisent. Dans beaucoup de cas, les entreprises ont affirmé refaire les analyses qualité à réception de leurs matières premières et emballages, bien que sachant que le fournisseur les a réalisé avant expédition. Ici, les deux facteurs sont limitant : la confiance envers le fournisseur, et la communication avec celui-ci. La confiance avec le fournisseur peut être « verrouillée » par une contractualisation de ces analyses, via les cahiers des charges notamment. Pour la communication, des outils commencent à émerger, tels les LIMS (Laboratory information management system), ceux-ci permettent de mettre à disposition des destinataires les résultats des analyses, en temps réel.

Informations Achats

Ils constituent un gisement de valeur important. En effet, les achats représentent, selon l’INSEE près de 48% du CA des IAA, et constituent à ce titre un levier d’amélioration de la performance conséquent (0,5% gagnés sur le poste achats permet une augmentation de 50% des investissements informatiques). On l’a vu dans le constat, ceux-ci sont sous-équipés en outils informatiques, tout comme la R&D.

Les cahiers des charges (Cf. qualité) ne sont que très peu utilisés, bien que tout le monde s’accorde sur leurs intérêts. Lorsqu’ils ont été mis en place, ceux-ci ont permis aux acheteurs de formaliser les exigences de chaque acteur au sein de son entreprise (acheteur, informaticien, qualité, logisticien, planificateur de production, …). La meilleure définition des exigences permet de trouver d’autres fournisseurs,, et par le jeu de la mise en concurrence des fournisseurs, de diminuer le coût d’achat, sans détériorer la qualité de l’approvisionnement.

Certaines entreprises ont également mutualisés leurs achats, que ce soit par le biais des GIE (Groupements d’Intérêt Economique), ou de places de marchés. Ces outils, par une augmentation du volume acheté d’une part, ou par une augmentation de l’offre permet une mise en concurrence plus large, conférant aux acheteurs un pouvoir de négociation plus important

 

            En conclusion, toute l’attention des industriels s’est d’abord portée sur le client. La traçabilité a été tirée par le consommateur. C’est ainsi que la traçabilité aval s’est informatisée et homogénéisée. L’enjeu est d’obtenir, maintenant, une traçabilité complète et donc à s’attaquer à la traçabilité amont. D’autant plus que les enjeux de l’amélioration de la traçabilité amont sont nombreux : amélioration du BFR, meilleure productivité du service qualité, fluidification des relations avec les laboratoires, service approvisionnement…

            Dans la majorité des cas, les solutions de traçabilité amont existent déjà mais elles ne sont pas mises en oeuvre. Il faut utiliser les solutions existantes et utilisées par d’autres secteurs. On trouve par exemple déjà sur le marché des outils de GED, MES, LIMS, PLM (Product Life Management), GS1-128, EDI, RFID (Radio frequency identification)

            Leur mise en œuvre permettrait d’appliquer dans les IAA des gains substantiels, déjà observés dans d’autres secteurs, et/ou ponctuellement dans certaines IAA.Pour illustrer cet exposé, trois solutions ont par la suite été exposées par des ensembles de prestataires informatiques et d’industriels.


 

II. Table ronde avec les prestataires et industriels

 

II.1.IBM et SPIE Centre Ouest : approche RFID chez IDENA Production

IBM confirme les résultats de l’étude : « toute l’attention est portée sur le consommateur ».

IBM a identifié trois nouveaux axes d’innovations prioritaires : le renforcement des capacités de collaboration en interne et en externe, l'innovation des  modèles d'affaires et des processus métier, la capitalisation sur le patrimoine informationnel afin d’optimiser les activités.

Pour faire référence à l'étude réalisée concernant les gisements de valeur dans les achats, IBM témoigne de la solution KEYMRO, concept de mutualisation permettant de gérer les achats non stratégiques, c’est-à-dire les matières hors production. Cette gestion apporte des gains de l'ordre de 8% à 48% selon les types d'achats effectués et laisse "du cash pour investir" ... dans de nouvelles fonctions et des technologies, innovantes et différenciatrices telles que la traçabilité à base de RFID. IBM est intégrateur et fournisseur de logiciels d'infrastructures dédiés RFID, en collaboration avec des partenaires, dont les sociétés membres du Cluster RFID Bretagne Développement, tel que Spie Centre Ouest.

Spie Centre Ouest présente son utilisation de la RFID, avec l’exemple de la société IDENA Production.

La société IDENA Production, se positionne très en amont dans la production des aliments pour  animaux, en réalisant des pré-mélanges oligo-vitaminiques. L’extrême sensibilité des matières premières mises en œuvre,  impose un respect très strict des procédures de fabrication et de nettoyage des contenants. L’utilisation de la technologie RFID a permis à IDENA Production de s’affranchir des contraintes de l’environnement (poussière, eau, chocs mécaniques) et de maîtriser parfaitement les différentes phases de la production, les risques de contamination croisée et la traçabilité.

II.2.Isatech et AES Chemunex : Approche Qualité

Isatech est intégrateur d’ERP (Microsoft Dynamics) et AES Chemunex est fournisseur de produits de laboratoire, du prélèvement de l’échantillon au résultat. Certains automates de réalisation d’analyse permettent de faire le lien entre l’ERP et le laboratoire. Une telle méthode permet de gérer les risques sanitaires : bloquer uniquement les lots présentant un risque, éviter de refaire des analyses…

II.3.Creative I.T. et Gelagri : Approche Traçabilité

Creative I.T a présenté son MES (Manufacturing Execution System) et une application dans l’usine de surgélation de légumes de Gelagri. Le MES est la couche intermédiaire entre l’atelier et l’ERP. Il permet, à la différence de l’ERP, de suivre en temps réel la production. Gelagri a donné les raisons pour lesquelles il était opportun pour elle de mettre un MES : difficulté à savoir quels sont les lots à bloquer ou non lors d’alertes sanitaires, assurer un approvisionnement régulier en légumes tracés. QuBES leur permet de modéliser les processus métiers, d’avoir des historiques des processus, gérer les entrepôts, suivre la production en temps réel avec des tableaux de bord… Différentes vues des interfaces du progiciel ont été présentées.

 

            En conclusion, le consommateur demande des prix maîtrisés, des produits sans risques sanitaires, innovants, anallergiques, bons pour la santé… c’est-à-dire un ensemble de critères qui impliquent une gestion collaborative et globale sur la chaîne de consommation alimentaire.

            Le travail de traçabilité a commencé sur l’aval car au plus proche du client. Les industries se sont donc informatisées et standardisées (GS1-128, EDI, GSDN…) ; cela a également engendré de nombreux bénéfices. Mais le consommateur, toujours plus exigeant, veut une traçabilité complète et rapide.

            La traçabilité amont va donc se développer. D’autant plus qu’elle permet d’apporter des gains et a de nombreux enjeux financiers. Les solutions existent déjà (GED, RIFD, EDI, GS1…). Elles doivent montrer leur intérêt : adéquation aux besoins des IAA et fournisseurs.

 

 

 

A venir

 

            Sous la dynamique engagée par la commission Logistique traçabilité de l’ABEA, les intervenants ont invité les industriels à participer à des sous-groupes de travail et de réflexion sur les concepts et méthodes à mettre en place dans la relation fournisseur - industriel. Un ensemble de réunions en sous-groupes va être programmé en ce sens. Ce travail sera ensuite communiqué.

 

 

            Des informations utiles (présentations powerpoint, programmes de travail à venir, réunions, partenaires,…) sont disponibles et mises à jour sur le blog http://cardinem.over-blog.com/

 

 

 

 

 

 

Annexes

 

 

 

 Fig.1. Schéma des différentes phases de l’étude

 


 

Période : 2004

Ensemble de l’industrie manufacturière (Hors IAA) [1]

Industries agroalimentaires[2]

Part des dépenses informatiques dans le chiffre d’affaires

0,58 %

0,34 %

Part des dépenses informatiques dans la valeur ajoutée

2,14 %

1,76 %

Dépenses informatiques par rapport aux investissements

18,9 %

12,3 %

Dépenses informatiques par salarié

1290 €

1100 €

 

Fig.2. Tableau comparatif des dépenses informatiques dans le secteur des IAA et des autres secteurs manufacturiers

  


 Fig.3.Tableau représentant les parts des différents secteurs de l’IAA équipés en outils informatique

 

  

  Fig.4.Part des différents secteurs de l’industrie agroalimentaire possédant des bases de données pour différents domaines de l’entreprise



[1] Source : SESSI-2004

[2] Source : Agreste - 2004

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